Appui à la qualification des espaces publics, à la valorisation et à la datation du patrimoine

Comme évoqué dans le résumé du projet, le projet renvoie à l’attachement des palestiniens au patrimoine urbain et traduit un besoin de marquage identitaire du territoire. Naplouse a été traversée par de nombreux conflits, changeant ainsi d’autorité à plusieurs reprises. L’empreinte religieuse et l’attachement spirituel ont toujours été caractéristiques de ses habitants et de la ville. Naplouse est donc riche d’un architecture particulière, mais la déprise de la Vieille Ville est un enjeu majeur. En effet, la ville a été sujette à différentes phases de destructions violentes. En 1927, le tremblement de terre détruit la ville. En 1935, d’importantes inondations affectent la ville. Puis, à partir de 1948, plusieurs affrontements avec Israël, notamment la Seconde Intifada, marquent le paysage de la vieille ville. En raison du coût élevé des réparations et de l’économie gravement affectée après la seconde Intifada, la ville souffre d’un manque d’entretien. La Vieille Ville revêt un rôle identitaire et un espoir touristique pour Naplouse, sa préservation et sa valorisation sont donc primordiaux aux yeux des habitants de Naplouse, ce qui explique l’origine du projet.

Naplouse a donc longtemps été un lieu de tensions géopolitiques et religieuses. Depuis le plan de partage de 1947, Naplouse fait officiellement partie de la Cisjordanie. Elle est peuplée majoritairement de palestiniens ayant fui les territoires administrés par le nouvel Etat d’Israël. Lors de la Guerre des Six Jours de 1967, l’administration israélienne reprend Naplouse, avant d’être finalement éliminée par les accords d’Oslo le 12 décembre 1995.

Le 6 juin 1998 est signée une coopération décentralisée entre les villes de Lille et de Naplouse par les maires des deux villes, respectivement Pierre Mauroy et Ghassan Shakaa. C’est donc une fois que l’administration de la région est stabilisée que la coopération décentralisée a pu voir le jour. Cette coopération s’est véritablement concrétisée par l’établissement d’un accord-cadre de coopération signé en mai 2002, période de violences (de nombreux attentats et opérations militaires éclatent durant l’année 2002). Le projet s’articule autour de nombreux axes de coopération comme la santé, le développement urbain et économique, la coopération universitaire, l’éducation, le sport, et enfin la culture et le patrimoine. C’est sur ce dernier axe que nous nous sommes penchés. Les projets qui ont découlé de la coopération doivent permettre de renforcer les capacités locales des deux villes, Lille et Naplouse, et de mettre en place un développement durable dans les deux territoires, basé sur l’échange des savoir-faire.

En 2008, la ville de Lille mène une politique de diplomatie des villes pour la paix, et est à l’origine du réseau EuroNaplouse qui rassemble les collectivités européennes jumelées à Naplouse (Naples en Italie, Poznań en Pologne et Stavanger en Norvège). L’objectif du réseau est de rapprocher et de mutualiser les actions des villes partenaires pour soutenir la ville de Naplouse sur la scène internationale. C’est dans le cadre du réseau EuroNaplouse qu’a été amorcé le travail de valorisation du patrimoine de Naplouse en 2010. En effet, le CAUE, la Direction du développement durable de la ville de Lille et l’Université An-najah contribuent à la définition du plan stratégique de développement urbain de la ville de Naplouse, sous l’égide du Governorat de Naplouse . Des études de morphologie sont ainsi entamées sur les deux sites urbains (Lille et Naplouse).

Entre 2015 et 2017, un projet d’élaboration d’un schéma directeur en matière de développement urbain durable et de patrimoine est mené. Le projet a été renouvelé en octobre 2017, lorsque la ville de Lille, le Conseil d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE) et l’université de Lille se sont rendus à Naplouse pour envisager les pistes futures de la coopération. Des études sont ainsi réalisées par des étudiants des deux villes en collaboration avec des techniciens de Lille.

Le projet de 2017-2019 que nous étudions est donc dans la suite logique des actions entreprises à Naplouse et l’occasion d’évaluer les données récoltées dans les domaines de l’urbanisme et du patrimoine. Il permettra ainsi une meilleure appropriation par les naplousis des outils et des manière de les produire.